L’histoire de la boxe thaïlandaise : Origines et Évolution.
Les origines précises de la boxe thaï restent aujourd’hui encore entourées de certains mystères, car de nombreuses archives ont été perdus, certaines sources se contredisent et vérité historique et légende se mêlent allègrement.
Comme bon nombre de boxes pieds-poings d’Asie du sud-est auxquelles elle s’apparente, on lui prête une origine insulaire. Cet ancêtre commun s’est ensuite répandu à travers les différentes régions (puis pays) alentoures et a évolué de manière spécifique localement. Cela explique les nombreuses ressemblances de la boxe thaï avec le Kun Khmer, le Bokator, Pradel Serey ou le Bama Lethwei par exemple.
Le sport de combat que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de boxe thaï ou muay thaï est le descendant direct du muay boran (muay signifiant boxe et boran ancien). Celui-ci formait un continuum avec le krabi krabong (art martial thaïlandais utilisant les armes comme le bâton et l’épée) afin qu’un guerrier thaï désarmé sur un champ de bataille puisse continuer à se défendre.
Le muay boran
Le muay boran apparaît vers le 13-ème siècle comme un moyen de lutter contre les invasions du royaume birman notamment. Ce terme désigne l’art martial regroupant les techniques issues de quatre styles régionaux de combat à mains nues préexistant.
⦁ le muay-chaiya ou « muay-giow » (du Sud)
⦁ le « muay-korat » (Est et Nord-Est),
⦁ le « muay-lopburi » (région centrale),
⦁ le « muay-thasao » (du Nord qui est plus tardif)
Chacun de ces styles a ses points forts par exemple le muay-chaiya reposerait sur une posture anguleuse où la défense est privilégiée ainsi que les techniques de coudes et genoux. Le muay-korat repose lui avant tout sur la force. Le muay-lopburi mets l’accent sur les déplacements ou les variations de trajectoire et les feintes. Enfin le muay-thasao consiste à prendre de vitesse l’opposant. Les techniques sont essentiellement les mêmes, les différences sont plus de l’ordre de l’esprit, de l’attitude combattive et d’une utilisation plus fréquentes de certaines techniques plus que d’autres. Dans ces quatre styles, on utilise des techniques issues d’animaux réels comme tigre, buffle ou mythique comme le singe blanc hanuman.
Même si le muay boran a décliné en importance, il est toujours pratiqué aujourd’hui et reste encore extrêmement proche de la boxe thaï. Les techniques sont semblables à plus de 90% et les différences sont minimes. Le muay boran peut être vu comme une sorte de self défense par opposition à la boxe thaï qui en serait la version sportive. Ainsi, la boxe thaï a supprimé les coups mortels et trop dangereux pour une pratique quotidienne dans un ring (comme ceux qui visent les articulations ou les coups de tête) afin d’en faire le sport de combat qu’elle est aujourd’hui. Ceci explique aussi le port de gant et d’autres protections, mais nous y reviendrons plus tard.
Utilisée lors de fêtes villageoises, pour régler des querelles ou se protéger des attaques, puis sur les champs de bataille et par les gardes du corps du roi, les visages de la boxe thaï à travers l’histoire sont nombreux.
Les débuts de la boxe thaï
Cette pratique martiale ne prend son aspect de combat sportif que lors du tournoi organisé par le roi Birman Hsinbyushin (Mangra pour les Thaïs) qu’en 1774 à Rangoon. Un guerrier thaïlandais, Nai Khanomtom, aurait vaincu 10 boxeurs birmans d’affilé. Impressionné par les talents du combattant le roi le libère et le laisse retourner en Thaïlande où il devient maître de Muay Boran.
À la fin du 19-ème siècle le roi Rama V couronne plusieurs maîtres de ces différents style afin de les officialiser.
En 1930, l’influence des envahisseurs anglais et de leur boxe fait passer la muay boran à la boxe thaï. Des règles de combat inspirées de la boxe anglaise sont instituées (division en rounds, interdiction de frapper un homme sol), les protections (gants pour remplacer les cordes du Kard Chuek) et la tenue sont aussi directement tirées de la boxe anglaise.
C’est dans les années 70 que la boxe thaï arrive en France et en occident. D’abord, par les Thaïs eux-mêmes (les garçons de cuisine pratiquaient entre eux dans les arrière-cours des restaurants), puis par un certain nombre de précurseurs (pratiquant d’autres arts martiaux comme le karaté) partent se former directement en Thaïlande.
L’explosion de la boxe thaï
Dans les années 2000, la boxe thaï explose grâce à des films comme Ong-Bak et Tom-Yum-Goong (l’honneur du dragon) de Pana Rittikrai avec le fameux et très impressionnant Tony Jaa. Ironiquement, c’est surtout du muay boran que l’on voit dans ces films, mais la mode de la boxe thaï est lancée.
Les grands « temples » de la boxe thaï, aujourd’hui, sont le Lumpinee (géré par le gouvernement) et celui du Rajadamnoen (géré par l’armée) tous deux situés à Bangkok, il existait quelques différences quant aux comptages des points et aux déroulements des combats entre ces deux lieux mythiques que nous ne détaillerons pas ici, car les règles ont évolué et tendent à s’unifier. Il faut aussi rajouter le championnat de l’atv7 qui regroupe uniquement les champions du Lumpinee et du Rajadamnoen.
Enfin, en Thaïlande, la boxe thaï est devenue sport-spectacle avec de très nombreux paris pendant les combats. Vous pourrez remarquer que les combats sont accompagnés de musique traditionnelle. Les Nak muay suivent le rythme de la musique qui leur indique s’ils doivent accélérer ou ralentir pour assurer un show de qualité. C’est un sport professionnalisé (comme la boxe anglaise ou le MMA) ce qui permet au boxeur d’en vivre et une véritable industrie prospère autour de ce sport.
Une descendance nombreuse
La boxe thaï a engendré une belle descendance. Elle est à la base du kick-boxing que ce soit le kick-boxing américain dans lequel l’emploi des coudes, genoux et saisies sont tout simplement interdits (c’est celui que l’on peut voir notamment dans le championnat Glory) ou le kick-boxing japonais qui autorise les coups de genoux sans saisies (comme dans les compétitions du K-1). Elle est aussi à l’origine du lerdrit un système de self défense qui privilégie d’utilisation des coups de coudes et de genoux et est utilisé par les forces spéciales et l’armée thaïlandaise.).
Nous voici arrivés au bout de notre voyage depuis les origines de la boxe thaï. Évidemment, nous ne pouvons pas être complètement exhaustifs ici. N’hésitez pas à fouiller sur le net pour trouver plus de détails et d’anecdotes croustillantes sur notre sport. Vous y découvrirez des faits et une histoire riche et passionnante.